2060年05月
Bien entendu, que j'ai fais tout ce chemin. J'enquête sur Anko depuis plusieurs années maintenant, alors reculer au dernier moment s’avérerait stupide. Pourquoi faire marche arrière ?... Depuis le temps que j'attendais ce moment. Je n'ai tout de même pas eu la bêtise de venir ici sans une arme, on ne sait jamais. Après tout, je ne suis pas forcément le bien venu ici... J'écoute attentivement ce que me dis le blond, buvant ses paroles. Il n'est pas originaire de Tokyo ?... Je m'en doutais un petit peu, puisqu'il semble avoir voyagé. S'il décrit si bien Tokyo et ses ruelles, je suppose qu'il s'est aussi rendu dans les autres lieux de ses romans. Comme Osaka, ou même St Petersbourg, en Russie. Tout ça me semble si lointain... Pourtant, avec le train il n'y en a que pour quatre petites heures.
Je le remercie poliment en prenant sa carte de visite, m'inclinant légèrement en y mettant les deux mains, comme le veut notre bonne vieille politesse Nippone. Yukimura-san est agent immobilier, et je ne m'en serais pas vraiment douté. Je pensais qu'il écrivais juste des livres, c'est un auteur à succes et je suppose que c'est assez rentable pour en vivre, quand on vend autant de bouquins que lui. Mais... Il fait visiblement autre chose à côté. Il me confie qu'il viens de se lancer dans le
social, pour permettre aux gens ayant des revenus modestes de se loger de manière décente. C'est une bonne chose, et je suis surpris de voir ce côté altruiste chez lui. Généralement, à Tokyo, les riches s'en foutent pas mal, de la misère des autres. Ici, c'est chaque un pour soi.
« C'est une bonne chose, je suppose. C'est généreux de votre part, de vous soucier de la condition de ceux qui ont un revenu modeste... Beaucoup de gens sont pauvres ici, à Tokyo. »Quand il me demande ce que je fais, j'esquisse un petit sourire tout en touillant mon café par réflexe. Je n'y ai pas mis de sucre, je le prend toujours noir. Surtout quand c'est un bon café, comme celui-ci. Je n'aime pas spécialement le sucré de toute manière...
« Ma vie est bien moins palpitante que la votre, malheureusement. Je suis primeur, à Chiyoda. Je suis un honnête épicier, vendant des fruits et légumes aux habitants du quartier. »Du moins c'est ce que je suis en apparence. J'ai moi aussi quelques secrets, mais l'écrivain n'a pas besoin de tous les connaître. Surtout pas celui concernant mon statut d'espion. Personne ne doit savoir quoi que ce soit... Seul Akane est au courant. En même temps, comment lui cacher alors que nous vivons ensemble lui et moi ?...
« Un vendeur de salades, qui dévore les polards depuis son enfance. Je n'ai jamais raté aucun de vos livres, ni aucun épisode de ma série policière favorite. J'aime beaucoup cuisiner, aussi. Je suis abonné à une revue culinaire, je li religieusement mon magazine tous les mois depuis quinze ans maintenant. »Asami le papy. Oui, c'est vrai qu'en apparence j'ai tout de l'homme lambda, qui mène sa petite existence bien tranquillement. Au milieu du chaos de l'ancienne capitale déchue, je reste l'un des rares citoyens honnêtes.