Je n'ai pas très envie de laisser Kei-sama. Je n'arrive plus a rien suivre entre le brouhaha que les gens peuvent faire et celui que mon petit groupe, c'est insupportable. J'ai besoin d'être au calme, de pouvoir réfléchir. Comme si ça allait arriver maintenant. Je soupire fasse aux yeux battus du type devant moi, et mon regard passe de lui à kei-sama qui est déterminée.

Oh et puis merde !

Je défait un peu plus mon kimono pour que je puisse avoir une jambe à l'air libre afin de pouvoir courir et bouger à mon aise. C'est indécent et si je croyais en un dieu je le prierais de me pardonner pour manquer à mes devoirs. Mais ce dieu comprendra qu'il est urgent de s'enfuir d'ici avant de mourir.

Je prends maladroitement la main du garçon qui me fais les yeux doux et j'hésite à prendre la main de l'autre personne qui n'est pas censé se battre. Comment va-t-il résister s'il n'a pas d'arme ? Alors de ma force de sauterelle je l'agrippe et le tire jusqu'aux portiques pour aller sur les rails.

Est-ce un bonne idée ou pas ? J’n’en sais foutrement rien mais on ne peut pas rester comme ça sans rien faire. Je leur fais confiance pour nous trouver une issu de secours faute de pouvoir faire autrement. Tout ce que je demande, c’est qu’ils prennent soin de mon petit Kiyo-kun. Le reste on s’en occupe avec le gamin qui a l’air de savoir se battre. A nous deux, on devrait pouvoir protéger les trois autres et couvrir notre fuite. Il faut les protéger des voyous mais également des gens paniqués. Quand les gens ont peur, ils font vraiment n’importe quoi. D’ailleurs j’en vois qui profitent quand même de la situation.

Alors que je suis distraite par ce qui m’entoure, le gamin à mes côtés prend un mauvais coup. Je réagis immédiatement et l’aide à se dégager de ses assaillants avant de lui demander si ça va. Il a l’air solide. Je suis rassurée.

Je pensais que Mi-chan allait rester avec nous vu qu'il était persuadé de pouvoir se battre, mais je crois que je suis plus rassuré qu'il aille avec les deux autres plutôt qu'en première ligne de front. C'est dangereux, il pourrait se faire mal...se faire frapper par les méchants, et terminer à l'hôpital! Et puis c'est plus facile pour moi, je n'ai pas besoin de le protéger parce qu'il se sera mis inutilement en danger. C'est horrible mais...je crois que je préfère être le héros de Mi-chan, qu'il soit ma princesse comme dans Zelda, plutôt que de le voir se battre comme si j'avais échoué.

Je pense trop à Mi-chan, si bien qu'alors que je le regarde s'éloigner, je me prends un coup de batte dans la tête. Je m'effondre par terre, sonné. Les sons sont altérés, ma vue se brouille...je suis à quatre pattes, mais je me redresse vite pour regarder celui qui vient de me frapper. Je tangue, j'ai du mal à rester conscient...mais je suis prêt à en découdre. La madame m'a au moins donné une ouverture que j'utilise pour foncer dans le tas, sans me soucier des quelques effets secondaires du coup que je viens de me prendre. J'ai mal à l'oreille et un truc coule dans mon coup, je crois que je saigne...mais je m'en fiche. Tout ce qu'il faut, maintenant, c'est protéger Mi-chan...

"T'occupes pas de moi, Mi-chan! Ca va! Suis les autres s'il te plaît, c'est important!"

S'ils arrivent à nous trouver une issue, on va pouvoir couper court à la bagarre pour fuir. J'aime pas trop parce que je préfère dégommer les méchants et sauver tout le monde, mais...il faut se rendre à l'évidence: on est peu nombreux, et à deux contre une cinquantaine de types, c'est impossible de réussir.

Le blond semble vouloir me forcer à partir. Je perd à moitié l'équilibre, et manque de tomber. Seulement après quelques pas... Je vois Nagato tomber au sol.

Je ne savais pas que j'avais de la force. Mais j'arrive à me dégager de l'emprise de cette espèce de Geisha débraillée pour courir vers le type qui a osé touché à Na-chan. Tout en serrant mon arme de fortune, je lui envoie un grand coup dans la tête. J'entend un crac sinistre et... Le type tombe au sol dans une marre de sang.

Merde. J'ai... Est-ce que j'ai vraiment tué quelqu'un ? Mon coeur bat à toute vitesse, et j'ai envie de vomir. Mais ce n'est pas le moment. Un autre gars arrive, et cette fois-ci, je lui envoie un coup dans l'estomac.

« J'ai dit que je te quitterais pas ! »

Je vais... Me battre moi aussi. Me battre pour survivre, pour rester avec Nagato, pour ne pas avoir peur de le perdre. Moi, la jolie poupée Barbie.

C'est le bordel, autant dans notre groupe qu'à l'extérieur. Je pensais que la poupée rose allait rester avec le blond et moi, mais finalement il semble vouloir se battre. Quel idiot! Il va seulement réussir à se faire tuer comme ça! Mais honnêtement, j'ai pas le courage de le lui dire. Je veux seulement survivre, rentrer chez moi et ne plus y penser.

"C'est pas grave, laisse-le en arrière! On va...on doit...il faut qu'on trouve une sortie au plus vite!"

Je devrais peut-être ajouter qu'on fait ça pour les sauver, mais à vrai dire...je me contrefiche de tous ces gens avec qui je suis. Je n'ai pas envie de faire des efforts pour des inconnus, même si je leur suis reconnaissant de me protéger. J'avance péniblement au milieu de la foule, le dos courbé pour éviter de me prendre un coup à la tête, la main dans celle de la geisha. Je ne sais pas comment je fais pour tenir encore debout. Mais la sortie est proche...le seul souci, c'est que si on termine sur les rails, on va devoir se battre contre la pluie acide qui a déclenché ce bordel. Est-ce qu'on en est capable? Je suis en simple T-shirt, j'ai rien pour me couvrir...et les autres ne sont pas dans un meilleur état!

"On doit trouver de quoi se protéger la tête! La pluie...elle fait mal...regarde, chope des magazines s'il te plaît! Ca va faire un chapeau comme ça!"

J'ai complètement zappé les trois autres, restés derrière pour nous permettre d'avancer sans encombre. Un autre petit groupe se bat plus loin, sûrement ragaillardis par les trois tarés qui nous protègent. Les rails ne sont pas loin, encore quelques mètres...un escalier...et nous allons pouvoir sortir. Je suis toujours en train de chialer, mais j'ai l'impression que ça va mieux...pour l'instant.

Je fais passer mon regard de la personne avec qui je suis aux journaux. Je ne sais pas s'il n'y a que moi qui pense que les journaux font fait en papier et que ça risque juste de faire du papier mâcher à l'acide dur notre tête. Mais il a l'air tellement enthousiaste à l'idée de faire des chapeaux que j'en prend avant de me faire tiré par le gars qui pleure. Je vois les rails et je vois surtout le dénivelé entre le quai et les rails et ça ne me rassure pas trop de descendre sans savoir si on va se prendre un train ou pas.
Lorsqu'on arrive au bord du quai, il ne semble pas y avoir que nous qui voudrions descendre et d'autres même sont déjà descendus. Je regarde ma tenue et surtout mes "chaussures" et je soupire. Comment je vais réussir à marcher avec ça?

On arrive au bord des rails. Il y a une sacrée différence de niveau et pour le moment on a mis assez de distance entre les excités et nous. Bien entendu ça veut dire que d’autres personnes se font casser les gueules mais y’a pas écrit super héros sur mon front. Je suis le chef des Rapaces et j’ai fait ma part. Protéger ces gamins en plus de mon petit protégé.
Je me tourne vers le garçon sorti tout droit d’un shonen et lui demande :
« Au fait, je m’appelle Kei et toi ? »
J’aime bien savoir qui m’accompagne surtout quand il s’agit d’un valeureux guerrier. Sa jolie copine rose s’est bien défendue aussi. Je l’aurais pas cru vu sa tenue.
Je me tourne ensuite vers le rail et saute la première. Je tends la main à ma geisha préférée et lui dit :
« Viens je vais t’aider. Quelqu’un d’autre à besoin d’un coup de main ? Ou vous préférez vous faire pousser par la foule qui commence à rappliquer ? »
Je pense surtout au brun qui a toujours cet air paniqué.

Je n'aime pas particulièrement laisser les gens derrière nous, mais nous ne pouvons pas sauver tout le monde. J'espère encore que d'autres auront l'idée de venir calmer le jeu...mais c'est compliqué, et je pense pas que tant que la pluie tombe, on verra apparaître qui que ce soit.

"Nagato, madame! Amakusa Nagato!"

Je suis fier de mon nom complet. Mon nom parce qu'il est celui de mon père, et mon prénom car il sort tout droit de Naruto, mon manga préféré et aussi celui de mon papa. Je suis content de le donner à quelqu'un d'autre. Cette dame se souviendra de moi et de mes compétences, je suppose.

"Ca va aller Mi-chan? Attends!"

Les rails ont l'air glissants, mais en même temps la pluie a formé quelques flaques dangereuses autour d'eux. Mais ça semble être la seule issue...nous n'avons pas le choix. J'aide Mi-chan à descendre, mais grimace en le voyant pieds nus. Je retire mes chaussures pour les lui tendre, comme un parfait gentleman.

"Mets ça s'il te plaît, Mi-chan...les rails sont mouillés avec la pluie pas cool, je veux pas que tu te fasses mal."

Et moi? C'est pas grave. Je suis un ii otoko, c'est pas un peu de pluie acide qui va me faire mal! Bon...en vrai, je pense que je vais quand même douiller. Mais c'est pour mon Mi-chan. Je ne le laisserai pas dans cet état!

"Hmm, j'insiste Mi-chan. S'il te plaît. Même si elles sont trop grandes, c'est mieux que pieds nus ou avec tes chaussures à talons!"

La pluie commence à me piquer, et je retiens les larmes qui me brûlent elle aussi les yeux. Je... Je secoue la tête quand Nagato me tend ses chaussures.

« Pas besoin... J'ai pris des chaussures plates au cas où j'ai mal aux pieds. »

Je fouille donc dans mon petit sac à dos, et les enfile en reniflant pitoyablement. Je met mes petites coverses sans chausettes, préférant les tendres à la Geisha qui n'a rien. A par ses geta, alors ça lui feras une épaisseur de plus... Perce que je ne pense pas qu'elle va pouvoir courir avec des chausses comme ça aux pieds. Mes pauvres escarpins sont perdus, mais... ma vie vaut tout de même plus. J'esquisse un sourire à Nagato et prend sa main en le regardant dans les yeux :

« Ca va aller, Nagato. Même si je suis pas très fort... s'il le faut, je te protégerai comme Hinata a protégé Naruto contre Pain. »

Je dois être l'homme le plus égoïste du monde, car je ne comprends pas pourquoi ils se battent tous pour protéger l'autre. J'aimerais dire que je ferais la même chose pour Asami, mais je suis persuadé que j'agirais exactement de la même façon; je fuirais, comme je l'ai toujours fait, et tenterai de trouver un abri par moi-même sans faire attention à ceux qui m'entourent. Je le laisserais me protéger, mais ne ferais certainement rien en retour pour lui. Pathétique, ne?

Je marche avec précaution sur les rails, les magazines sur la tête pour essayer de bloquer un minimum de pluie. Mes mains me brûlent, mais je ne peux rien faire contre ça. Je ne dois pas glisser, c'est important...et surtout pas me retourner! Je dois avancer pour moi, pour rejoindre Asami en espérant qu'il ne soit pas lui aussi pris au piège de la pluie. Je m'inquiète pour lui...j'aurais dû prendre mon portable! Il serait sûrement venu me chercher avec la voiture, défonçant tout au passage. Ou il aurait pu tous les buter aisément. Mais ce n'est pas le cas, ce ne sera jamais le cas.

Le bout de la gare apparaît dans mon champ de vision, mais la pluie ne semble pas vouloir s'arrêter. Les magazines sont en lambeaux, plus rien ne me protège de cette eau acide, et je commence à chialer de douleur en voyant mes mains rougir. Mon visage doit être dans un état pitoyable, et mes cheveux...n'en parlons pas. Pourtant, je continue d'avancer. Les autres me suivent, ils empêchent les terroristes de nous poursuivre et nous empêcher de quitter cet endroit. Il faut qu'on trouve un abri, c'est vital!

"Peut-être...que la prochaine station...est vide...ne...?"