Il serait absurde de croire que Tokyo n'a jamais fait l'objet de conflits entre insoumis et yakuzas. Depuis le début de la guerre civile de 2020, la ville n'a de cesse de nourrir les esprits belliqueux de certains idéalistes qui se mettent en tête de libérer la ville de ses entraves. Simples fous ou meneurs nés, de nombreux citoyens formèrent diverses alliances aux noms multiples sous la bannière de la rébellion. Un mot d'ordre : récupérer la ville de la domination yakuza. Mais quarante années se sont écoulées. Nous sommes en 2060. Tanaka Yoji a vieilli et s'est retiré pour laisser place à son fils, Tanaka Shinzô, et comme son prédécesseur, il est, lui aussi, sensible au cours du temps, immuable. Les Muranaka gouvernent toujours Tokyo, et les yakuzas y fourmillent désormais par centaines de milliers. Les anciens rebelles ont capitulé, mais la soif de libération, elle, reste, traversant les générations pour se loger dans une jeunesse aussi fougueuse que rêveuse. Peu de noms ressortent du lot finalement, mais vous souvenez-vous de Code ? De ce nom qui, il y a deux ans déjà, ornait les lèvres de chaque citoyen ?

Printemps 2055. Alors que Tokyo accueille ses jeunes habitants fraîchement diplômés, elle se voit héberger conjointement une nouvelle organisation qui très vite va s'attirer autant la méfiance de ses cibles que les intérêts de hauts placés. Espoir de liberté, ou espoir de possible reconversion si la pègre venait à tomber ? Ce groupe n'avait que faire des raisons pour lesquelles ces personnes désiraient investir en eux. En véritables opportunistes, ils se servirent, à mesure que leur réputation grimpait. Code était là pour reprendre le flambeau et libérer la ville de toutes ces années de supplices. Leurs cibles devinrent plus sérieuses, et bien que leurs méthodes s'avéraient être simplistes à leur début, le professionnalisme s'attacha au groupe et des têtes importantes commencèrent à tomber.

Si le nom de Code nous paraît si familier, les caractères et chiffres que les autorités retrouvaient près des cadavres en est la cause. Véritable langage codé que jamais personne n'a réussi un jour à déchiffrer, c'est sur internet que le nom de "Code" vit le jour en premier, via un forum clandestin que des admirateurs du groupe avaient créé pour y retracer leurs faits et gestes, mais également pour y dénoncer les agissements de certains yakuzas. C'est donc sur la toile que le groupe connut en popularité puisqu'il était désormais impossible d'en parler en public, au risque de finir torturé dans une salle d'interrogatoire.

Certaines organisations rebelles tentent parfois d'appeler la population à se soulever en une guerre civile, mais Code avait décidé de faire parti d'un autre type. De celui qui, dans l'ombre, agissait sans mettre inutilement en danger des innocents. C'est cette particularité qui leur donna autant de popularité auprès des citoyens Tokyoïtes. Ils avaient la force nécessaire de faire pour eux ce qu'ils murmuraient tout bas sans jamais leur demander une contrepartie.

Si aussi peu de personnes osent se soulever contre le système actuel, c'est bien par cette peur de perdre la vie qu'ils peinent déjà à qualifier de leur qui redoubla d'intensité face au destin tragique que connut le groupe.

14 juillet 2058: Code prend pour cible un bras droit de Tanaka et, sans flancher, lui ôte la vie. Les réjouissances dissimulées ne tardent pas à décliner, tandis que l'Oyabun ordonne à tout son clan et clans vassaux d'exterminer le groupe et ses partisans. Déclencher une telle mission dans la ville n'était pas anodin. Elle lui servit de vengeance, mais surtout de mise en garde contre les prochains. Une dissuasion au goût âcre qui vous restait au travers de la gorge. Le QG ne demeura très longtemps secret, et les membres, à savoir un homme et une femme dans la quarantaine , accompagnés d'un adolescent de dix-neuf ans furent exécutés. Le groupe mourut et Code disparut bientôt des rêves et cauchemars, ne laissant qu'une traînée d'un espoir amer dans les souvenirs de certains.

Alors pourquoi lorsque des têtes se remettent à tomber deux ans plus tard, ce nom est-il de retour dans les murmures des bas-fonds de Tokyo ?