Si vous vous baladez dans les quartiers ouest de Tokyo, les yeux et oreilles grand ouverts, vous n'avez pu manquer quelques délicatesses du langage parlé. En effet, la coupure avec le monde extérieur et le manque d'éducation de beaucoup des bambins nés là-bas ont transformé le japonais traditionnel en quelque chose de...différent. Vous souvenez-vous du kansai-ben, ce dialecte parlé dans la région d'Osaka? Les accents chantants, la grammaire approximative et le vocabulaire spécial? Le Shinjuku-ben est construit de la même façon.
Le Shinjuku-ben
Dans ce dialecte particulier, la grammaire et la conjugaison des verbes sont laissés à la volonté de chacun. Mélange de formes neutres, formation de nouveaux verbes donnant un mixage de mots japonais et étrangers, le dialecte ne semble utilisé que dans la rue qui l'a vu naître. Il n'est pas rare de comprendre quelques phrases, même en ne sachant pas parler un traître mot de japonais: le langage courant américain s'est exporté jusqu'ici, parmi la jeunesse qui pourrit au milieu des gangs.
En Shinjuku-ben, les sensations et sentiments personnels sont plus importants que les simples faits rapportés. Un accent aux sonorités arrogantes, des consonnes marquées presque agressives et un vocabulaire particulièrement varié lorsqu'il s'agit de décrire les divers trafics que côtoient les habitants des quartiers ouest. Il est plutôt rare de ne pas entendre quelques insultes et jurons se glisser dans le monologue mélodieux d'une vermine.