À voir l'attitude du jeune homme, Satoshi craint que ce dernier ait perdu tout intérêt pour lui apporter son aide. Comme ce qui semblait l'amuser était de jouer avec son orgueil, de capituler si facilement démontrait sans doute une tentative de manipulation trop évidente. Satoshi allait de voir réviser son attitude. Il cracha une nouvelle fois le sang accumulé dans sa bouche en écoutant les paroles du jeune homme. Bien sûr, dans les ruelles de Meguro ont trouvait de tout, dont des anti-douleurs. Cependant, pour avoir vu son père plonger tête première dans ce monde, il savait très bien que les vendeurs de dope avaient une technique particulière pour soumettre les pauvres citoyens aux addictions de la vaste gamme de produits qu'ils offraient. Pour Satoshi, hors de question de montrer cette faiblesse et de se soumettre aux envies pulsionnelles que procuraient les différentes drogues. Si le jeune homme était bel et bien médecin, il se doutait que sa pharmacie personnelle devait être constituée de produits à usage purement médical. Du moins, c'était son impression.

« Laisses tomber... Seuls les faibles tombent dans le panneau... »

Satoshi sentit alors son bras être tiré vers l'épaule de l'autre jeune homme, lui infligeant une soudaine douleur lancinante. Heureusement, le support qu'il apportait lui fit rapidement mettre cette douleur de côté, pouvant se déplacer maintenant plus aisément. Grâce à l'aide du vigile, le duo réussit à se faufiler au fond de l'établissement où se trouvait une porte plus discrète que celle permettant aux nombreux clients d'accéder à la boîte de nuit. Satoshi ne pu s'empêcher de rire en entendant l'hypothèse du jeune homme, mais il s'arrêta brusquement, le goût du sang se faisant plus persistant lorsqu'il riait.

« Exact... J'l'ai mise enceinte... »

De toute façon, il valait mieux mentir sur la réelle raison de l'incident. Non seulement il dévoilerait une identité qui pourrait lui être utile dans le futur mais il était également très humiliant de se faire prendre à son propre jeu.

Hors de question pour Satoshi de tomber, il s'accrocher au jeune homme avec toute la force qui lui restait et n'allait certainement pas lui accorder le plaisir de l'abandonner entre deux poubelles.
  

​Si Satoshi avait été dans un meilleur état, il n'aurait pas hésité à foutre son poing dans la gueule du jeune homme. C'est qu'il avait réussi à toucher une corde sensible. Il était parfaitement conscient que son look ne mettait pas sa masculinité et sa virilité de l'avant, mais il n'appréciait qu'on remette ses aptitudes en question.

« À ce que je sache... Mettre une fille enceinte ne nécessite pas... Un don particulier. »

C'était même beaucoup plus simple qu'on oserait se l'imaginer. Satoshi allait tout de même se faire une honneur de montrer à ce condescendant qui l'aidait qu'il se trompait largement sur lui une fois que sa blessure le lui permettrait. Il savait d'ailleurs comment il s'y prendrait.

Soudainement, il se mit à pleuvoir violemment, comme si la soirée n'était pas suffisamment désastreuse. Trempé jusqu'aux os, Satoshi avait du mal à supporter le contact de l'eau froide contre sa plaie et il tentait de contrôler les tremblements de son corps qui avait de plus en plus de mal à supporter toutes ces sensations. D'ailleurs, il se doutait bien que le jeune homme devait avoir plus de mal maintenant à supporter son poids. Il eu du mal à entendre les paroles de ce dernier, l'averse les rendant pratiquement inaudible. N'ayant pas la force d'hausser la voix pour répondre à sa question, Satoshi se contenta d'un simple grognement.

Enfin, ils arrivèrent à la modeste demeure de l'inconnu. Satoshi n'allait certainement pas juger son appartement, lui-même ne possédant que très peu de biens personnels. Si c'était possible, son propre appartement était probablement même moins spacieux. Cependant, il se devait de faire la remarque.

« Pour un médecin...Tu vis comme un radin. »

Il commençait d'ailleurs à douter de l'honnêteté du jeune homme. Il était pourtant trop tard pour s'en soucier. Si le destin voulait qu'il termine ses jours dans ce trou avec ses organes en moins, il n'y pouvait plus rien. Satoshi se traîna jusqu'au canapé où il se laissa tomber.

« Aller... Tu peux jouer au docteur maintenant... »​]

Il fallait avouer que les bonnes manières étaient le dernier des soucis de Satoshi à cet instant. Le jeune homme était bien gentil de l'avoir aidé à se déplacer jusqu'à son appartement pour lui apporter une aide médicale mais n'était-ce pas la loi? Tout professionnels de la santé ne se devaient-ils pas d'aider une personne blessée ou en détresse? Il grimaça légèrement lorsque le propriétaire des lieux lui tira le bras pour l'obliger à se relever de son canapé. À voir comment ce dernier était peu embêté par le sang qui avait tâché ses vêtements, plus particulièrement la veste sous laquelle Satoshi avait dissimulée sa blessure, il n'imaginait pas une réaction différente pour son mobilier.

C'est cependant sans commentaire acerbe que Satoshi suivit le jeune homme jusqu'à sa salle de bain, prenant place sur un tabouret ne lui permettant pas de prendre une position confortable, à son plus grand désespoir. Il reçu la serviette avec un certain plaisir, cependant, ne demandant qu'à sécher un minimum ses cheveux. La pluie froide ne faisait qu'accentuer le contraste avec les vagues de chaleur qui lui traversait le corps dû à la perte de sang. Ces sensations opposées étaient loin d'être agréables.

Satoshi haussa un sourcil, étonné par les paroles du jeune homme. Aucun anesthésiant? Il croyait qu'il s'agissait de la base mais apparemment, il se trompait. Heureusement, il était habitué à la douleur et chochotte n'était définitivement pas un terme qui lui convenait dans ce genre de situation, bien qu'il aurait préféré ne pas ressentir davantage la douleur.

« Tu te fais clairement de fausses idées à mon sujet. »

Le jeune homme lui retira ensuite son t-shirt ce qui représenta un soulagement pour Satoshi. Le tissu était collant, imbibé d'eau et de sang, le confort de s'en départir lui enlevait toute envie de pudeur. Cependant, par les geste du médecin, Satoshi se doutait bien qu'il ne se faisait pas un plaisir de l'aider mais après tout, il ne lui en demandait pas tant. Pour éviter de se concentrer sur la douleur qu'il ressentait chaque fois que le jeune homme touchait à sa plaie, il décida de lancer la conversation au risque de l'embêter davantage.

« Je me doute bien que tu m'en veux d'avoir ruiner tes... Plans pour la soirée. »

N'importe qui serait bien frustré de voir un plan cul - parce que Satoshi, en aussi mauvais état qu'il se trouvait, se doutait bien ce qui se tramait entre le jeune homme et la jeune fille - par un mec mal en point. Ce dernier le quitta un bref instant, sans doute le temps d'aller chercher le nécessaire pour la suite des choses, et Satoshi ne reprit la parole qu'à son retour, un léger sourire aux lèvres. C'est que la question le démangeait depuis un moment.

« Ton oeil... C'est le résultat d'une bagarre? Je me doutais bien que tu n'avais rien d'un ange. »

Satoshi posa son regard sur le plafond blanc, évitant d'accorder la moindre attentions aux gestes effectués par le jeune homme. Il n'appréciait pas particulièrement la sensation et préférait ne rien voir de façon à garder son sang froid. Lorsqu'il était jeune, son père avait mis du temps à lui faire voir un médecin pour la plaie qu'il lui avait occasionné. Par crainte de représailles, il repoussait ce moment et la plaie s'était infectée, rendant le processus de cicatrisation bien plus ardue. Cette fois-ci, bien que Satoshi ne connaissait rien du jeune homme, qui prétendait être docteur, il savait que la situation était sous contrôle et que sa blessure ne laisserait sans doute qu'une trace minime. Enfin ça, c'était si Aina faisait du bon boulot.

Suite à sa question, Satoshi ne pu témoigner du changement dans le regard de l'autre jeune homme, évitant toujours soigneusement de baisser son regard sur ses gestes. Il ignorait que sa question pouvait être indiscrète et, d'ailleurs, il se doutait bien que sa réponse ne reflétait sans doute pas la vérité.

« Si c'est le seul passage restant de ta bagarre, je ne suis pas certain que ta bagarre ait été digne des plus grands.... »

Évidemment, Satoshi semblait en contrôle de lui-même, mais la douleur était bel et bien présente, et impossible pour lui de la nier. Il serrait les dents pour ne pas gémir de douleur, insulter la cause de celle-ci ou encore pire, verser quelques larmes témoignant ses souffrances. Hors de question, il n'était plus un gosse de douze ans.

Enfin, le jeune homme termina son travail et Satoshi soupira de soulagement, relâchant enfin sa mâchoire. Il afficha d'ailleurs un léger sourire amusé, baissant enfin son regard sur sa blessure et la compresse. Pas mal comme boulot.

« Pas qu'effleuré. Tu ramènes un parfait inconnu chez toi, au détriment d'une douce nuit à t'envoyer en l'air, pour le recoudre. N'importe qui d'autre se serait contenté de m'abandonner dans une ruelle après avoir quitté la boîte. »

Il reposa enfin son regard sur le jeune homme.

« D'ailleurs, pourquoi faire tout ça pour moi? »

Il se doutait bien que le jeune homme n'avait rien à y gagner en bout de ligne. Il disait ne pas vouloir de son argent et Satoshi n'avait rien à apporter à qui que ce soit.

Peu satisfait par la réponse du jeune homme dont il ignorait toujours le nom, Satoshi se contenta d'hausser les épaules. Il ne le connaissait que depuis à peine une heure, mais il savait pertinemment qu'il ne servait à rien d'insister avec lui. Il se contenta donc de l'observer désinfecter son matériel avec un intérêt peu dissimulé, ses gestes le rassurant sur la véracité de ses dires.

​Satoshi suivait toujours les mouvements de l'autre jeune homme du regard qui apportait maintenant des vêtements propres, mais surtout, secs. Son t-shirt avait été retiré un peu plus tôt mais ses jeans complètement trempés pesaient sur son corps et il aurait bien voulut s'en débarrasser également. Sans avoir le temps d'esquisser le moindre mouvement, le regard de Satoshi replongea dans celui du propriétaire des lieux dont les doigts s'étaient emparé de son menton. Il fronça légèrement les sourcils en entendant les sous-entendue de ce dernier. Sentant ses doigts parcourir ses lèvres, légèrement sensibles duaux coups qu'il s'était prit un peu plus tôt, Satoshi fut convaincu du ton moqueur d'Aina. Décidant de jouer le jeu, il afficha un sourire amusé.

« Attention, ce genre de blague pourrait te causer beaucoup de tord. »

Enfin, le jeune homme s'éloigna sans grande surprise pour Satoshi. De ce qu'il avait pu observer, la gente masculine de semblait définitivement pas faire partie de ses fantasmes. Il soupira en le voyant enfiler les vêtements secs, se doutant bien qu'avec lui, la gentillesse avait un prix.

Satoshi se releva finalement du petit banc sur lequel il avait prit place et déboutonna son jean pour finalement le retirer. Un énorme poids venait de le quitter mais ses sous-vêtements étaient tout aussi humides, laissant peu de place à l'imagination concernant ce qui se cachaient sous ces derniers. De nature habituellement pudique, Satoshi semblait avoir abandonné ce détail avec sa virginité il y avait déjà un certain moment. Il repassa la serviette dans ses cheveux de façon à les sécher davantage, ne se gênant pas pour observer l'autre jeune homme se vêtir.

« Le mot magique? Après ça te regarde. Sois tu me files des vêtements et je te laisse tranquille, ou tu fais avec la présence d'un inconnu pratiquement à poil dans ton appart'. Hors de question de repartir avec mes fringues complètement trempées au risque d'infecter ton beau travail. »

Ses paroles innocentes contrastaient largement avec son sourire amusé.